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Les addictions une porte ouverte... ou bleue (Extrait)

Sémaphore 1 carré
24/06/2015
Ce titre doit beaucoup à une expérience qui nous semble être commune aux professionnels intervenant dans le champ des addictions et aux spectateurs venus applaudir Pierre Desproges au théâtre Grévin en 1986 et qui ont entendu ceci...

Sémaphore 1 grand

Les addictions une porte ouverte... ou bleue

Extrait de la revue Sémaphore de juin 2015

 

Auteurs :

Fabrice EPAUD
Thérapeute familial, formateur

 

Ce titre doit beaucoup à une expérience qui nous semble être commune aux professionnels intervenant dans le champ des addictions et aux spectateurs venus applaudir Pierre Desproges au théâtre Grévin en 1986 et qui ont entendu ceci :

Il arrive que l'homme prenne la porte dans la gueule. Il n'y a pas là la moindre trace de haine de la part de la porte. Non, simplement l'homme prend la porte dans la gueule parce qu'il faut bien qu'une porte soit ouverte... ou bleue.

Dans ce court extrait, l'humoriste entraîne le spectateur dans une direction qui lui permet d'anticiper logiquement la suite, puis subitement il change de niveau de réalité en passant de la classe des positions de la porte à celle de la couleur de la porte. En faisant cela, il crée un malaise, puis l'analyse du contexte (théâtre, humoriste sur scène...) permet au spectateur de retrouver son équilibre : « C'est une blague, je ris... ». En fait, dès le début, les spectateurs savent très bien que différents niveaux de réalité peuvent co-exister. Ils savent parfaitement qu'une porte peut être ouverte ou bleue ou encore coulissante. Mais l'humoriste amène les spectateurs à réduire le champ des possibles par un discours linéaire qui débouche avec force sur une proposition d'exclusion du type : « c'est ça ou ça ». Du coup la majorité du public commence à compléter la proposition d'exclusion : « il faut bien qu'une porte soit ouverte ou... » par « fermée » ce qui est logique si l'on réduit la réalité à un seul niveau.

Le même type de phénomène peut se produire dans la rencontre entre professionnels et familles aux prises avec les addictions. De la même manière, les intervenants peuvent oublier que plusieurs niveaux de réalité co-existent. Sur invitation de la famille, leur appréhension des réalités se réduit alors, jusqu'à « c'est ça ou ça ». Ce phénomène doit inciter l'intervenant à une grande prudence parce qu'en fait, ces familles nous ont appris quelque chose d'essentiel : dès qu'il s'agit d'addictions, les choses ne sont jamais ce qu'elles ont l'air d'être à première vue. Il pourrait s'agir, bien plus, d'un trait caractéristique des relations humaines que des addictions. Mais il est vrai que les addictions sont porteuses en elles-mêmes de caractéristiques qui favorisent cet effet d'optique.

Dans une première partie, nous explorerons les différents niveaux relationnels co-existants dans une même famille ou comment une porte peut en cacher une autre. Dans la seconde partie, nous étudierons comment les addictions peuvent faire lien entre les différents niveaux. Dans la troisième partie, nous verrons comment le thérapeute peut mettre en place un « échangeur » qui aidera la famille à appréhender les différents niveaux de réalité. Enfin nous terminerons par la description de quelques « échangeurs » mis en place par notre équipe de thérapie familiale.

 

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