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Le contexte des situations d'abus (Extrait)

Sémaphore 2 carré
20/06/2017
Il serait de bon ton de commencer en définissant ce qu'est une situation d'abus. Mais force est de constater qu'une appréhension intellectuelle ne permet pas d'identifier cette situation lorsqu'on la vit et encore moins de s'en sortir....

Sémaphore n°2, la revue d'articles rédigés par des intervenants systémiques portant sur leurs pratiques et éditée par Forsyfa

Le contexte des situations d'abus

Extrait de la revue Sémaphore de juin 2017

 

Nous sommes habitués à ne considérer que les abus manifestes. C'est pourtant l'arbre qui cache la forêt. En effet il existe d'autres situations d'abus tout aussi nombreuses et destructives : les abus subtils. Peut-être que les situations d'abus manifestes empêchent de penser la notion même d'abus ? Pourtant abus manifestes ou abus subtils, les processus sont identiques. Les auteurs de cet article se sont attachés à en décrire les paramètres et leurs interactions. Ils ne se sont pas uniquement appuyés sur leurs pratiques professionnelles auprès de systèmes aux prises avec les abus. Cette réflexion est aussi le fruit de moments de partage intenses vécus au sein de l'équipe de FORSYFA lors de journées pédagogiques. Nous remercions chacun de sa contribution.

 

Auteurs :

Béatrice BOUSSARD
Intervenante systémique, formatrice et superviseur à FORSYFA (NANTES), thérapeute familiale et conjugale à Côté Famille - Nantes
Damien LEGERE
Intervenant systémique, formateur et superviseur à FORSYFA (NANTES), thérapeute familial et conjugal à Côté Famille - Nantes

 

Il serait de bon ton de commencer en définissant ce qu'est une situation d'abus. Mais force est de constater qu'une appréhension intellectuelle ne permet pas d'identifier cette situation lorsqu'on la vit et encore moins de s'en sortir. Si pour se sortir d'un jeu relationnel il faut d'abord éviter d'y rentrer, la spécificité de la situation d'abus est que l'on y est, sans bien sûr vouloir y être et pire, sans pouvoir identifier que l'on est pris dans son piège. Bien sûr nous parlons des situations d'abus subtils, celles qui ne sont pas appréhendables de façon objectivable par un ou des faits manifestes, celles qui ne peuvent alimenter les instances juridiques faute de preuve. Nous parlons donc de celles qui s'insinuent et qui ne deviennent identifiables qu'après un long processus de co-construction et comme une révélation. Nous utilisons volontairement le terme révélation car la situation d'abus apparaît soudainement comme une évidence. L'évidence s'impose à l'esprit comme une réalité, sans qu'il soit besoin d'aucune justification. Lorsqu'on y est, le seul indicateur accessible est le ressenti émotionnel non pas dans une traduction analogique identifiable mais dans une expression première, c'est-à-dire corporelle. La gorge se serre, la nausée survient, le corps transpire, les mains deviennent moites, des abeilles tueuses s'agitent dans le ventre. Ça ne prévient pas, c'est presque rien mais c'est là. Ce n'est même pas une douleur sournoise ; c'est une gêne qui ne dit pas son nom. Il n'y a pas de mot sur quelque chose d'insaisissable ; c'est une émotion qui ne peut devenir un sentiment. On ne s'en défend pas, on ne dit pas non et on ne comprend pas pourquoi on ne dit pas non. Des pseudo-raisonnements expliquent, justifient. Le refus essentiel est de l'ordre du ressenti corporel et on reste seul avec.

Avant de parler à propos des situations d'abus, nous vous proposons d'être en contact avec votre ressenti en lisant trois histoires banales, celle d'un couple, celle d'une famille et celle d'une institution. Chaque acteur témoigne de son point de vue « entendable » et légitime et pourtant...

 

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